Bilan psychologique aprés 2 ans de travaux.
Nous n'avons pas encore abordé cette question car jusqu'à maintenant nous nous sentions inébranlables malgré les problèmes rencontrés.
Et pourtant , forcé de constater, nous n'échappons pas à la règle qui traverse l'ensemble des autoconstructeurs dont les chantiers s'éternisent. A savoir le ras le bolage...
Malgré des avancées trés nettes des travaux depuis l'installation du campement sur le chantier, il nous devient difficile de tout concilier.
Cela fait un peu plus de 2 ans que nous travaillons sans relache dans les travaux : avant d'y habiter, tous les jours fériés et les vacances étaient consacrées aux travaux. Les soirs de semaines consistaient à se former et à s'informer des matériaux et techniques de mise en oeuvre, à la gestion des livraisons et le travail administratif pour la banque.
C'était difficile mais il y avait une coupure entre le chantier et la vie privée.
Depuis 3 mois, ce n'est plus le cas. Quand nous avons aménagé, il n'y avait que les toilettes, un point d'eau chaude et des rallonges partout dans la maison pour s'éclairer. Pas de finitions au sol, ni au mur, pas de téléphone, ni de télé et des plafonds non terminés.Aucune peinture évidemment.
Nous avons réussi à isoler une partie de la mezzanine pour installer le lit et une table. Cependant, le reste de la maison était un vrai chantier : outils partout, poussières, matériaux dans tous les coins etc...
Chaque jour, en nous levant et en rentrant du boulot, nous marchions au milieu de tout ça. Il n'y a avait aucune déconnection, on vivait chantier et travaux.
Au début, cela était une grande source de motivation pour avancer mais ce que nous ne sachions pas c'est que les finitions (ponçage, jointage, peinture, parquet, carrelage, nettoyage etc...), demandent énormément de technicité et de temps.
Bref, on y passe des heures et ça ne se voit pas. Depuis 3 mois, hors vacances, le temps consacré par semaine au chantier avoisent les 45 heures pour Monsieur et 20 heures pour Madame. Nous passons plus de temps dans les travaux qu'au travail.
Nos proches nous encouragent à quitter de temps en temps le chantier et à sortir. Toutefois comment prendre du repos alors que lorsque l'on rentre à la "maison", il reste tant à faire...?
Comment profiter de loisirs alors qu'il reste encore du plâtre à poncer, des peintures à faire, du carrelage à poser ou encore des voyages à la benne à faire?
Comment avoir l'esprit tranquille sachant, que les demandes de raccordements ERDF ont été perdues à leur siège et que dans 15 jours, le compteur de chantier doit être enlevé...?
Comment être zen, sachant qu'en plus de l'intérieur, il y a encore 15 arhes de terrain à aménager?
Il s'agit de la dernière ligne droite, toutefois la pente est raide. En ce moment, nous commençons peu à peu à relever la tête et à avoir un petit confort de vie mais la fatigue et l'amertume sont présentes. Le couple reste solide mais vascille de temps en temps.
ex ; Mr s'enèrve car il retrouve pas le cutter au milieu du bordel... Mde s'énerve car le moindre espace de table est sali par la poussière ou jonché d'outils laissé par Mr.
Cela parait anecdotique et pourtant en recadrant dans le contexte cela peut amener une sévère scène de ménage...
Nous nous rendons compte que c'est notre insouscience, notre naiveté, ou encore la volonté d'être un peu en avance qui nous a engagé dans un tel projet.
A ceux qui nous disent que nous sommes des "constructeurs de l'extrême", nous répondons que nous étions des " inconscients de l'extrême".
De plus, nous ne voulons pas entrer dans la catégorie des maisons "jamais terminées", nous sommes de ceux qui radicalisent les choix... Un objectif doit être ambitieux (par exemple : un mur en béton cellulaire doit être niquel pour recevoir la peinture) et atteint coûte que coûte (20 h passer dessus pour 10m²).
A coeur vaillant nul défaite, mais faut un moral et une organisation de machine.
A ceux qui souhaitent se lancer, nous conseillons d'être jeune, en bonne santé, sans enfants et particulièrement aguérrient aux techniques de finitions qui à nos yeux dépassent largement le gros oeuvre, l 'électricité ou la plomberie.
Ce 1/4 d'heure pris pour écrire ne sera évidemment pas déduit des 3 heures journalières consacrer aux finitions. :-)
Le manque de courage n'est qu'un manque de bon sens.